La feijoada : du ragoût et du caractère !
Si tu t’es déjà baladé dans les rues animées de Rio un samedi midi, t’as sûrement senti cette odeur de bouffe maison qui te chatouille les narines. Ce parfum lourd et fumé, mélange de haricots noirs, de viande mijotée et d’épices… c’est la feijoada. Ce plat, c’est un monument au Brésil. Pas un simple repas, un rituel. Et si tu penses que c’est compliqué ou too much, détrompe-toi. La feijoada, c’est rustique, généreux, un plat qui tient au ventre et qui raconte une histoire. Alors aujourd’hui, on va décortiquer ça pour toi comme il faut.
C’est quoi exactement la feijoada ?
Feijoada, ça vient de “feijão” qui veut dire haricot en portugais. Et ce plat, c’est avant tout un ragoût de haricots noirs cuits longtemps avec un joyeux bazar de viandes fumées, salées et parfois bien grasses. C’est du copieux, du roboratif, du plat de grand-mère brésilienne généreuse. On la sert avec du riz blanc, de la farofa (de la semoule de manioc grillée), des rondelles d’orange fraîche (pour couper le gras), et parfois un chou sauté à l’ail. Autant te dire que t’as plus faim après.
La feijoada, c’est un plat d’assemblage. C’est pas du 3 étoiles, c’est du populaire. Et c’est ça qui la rend justement irrésistible.
L’histoire du plat (ou comment faire du luxe avec des restes)
Comme souvent dans les plats qui déchirent, la feijoada vient d’une cuisine de récup. Une cuisine de survie. À l’époque de l’esclavage au Brésil, on raconte que les esclaves africains récupéraient les morceaux de viande que les maîtres refusaient : pieds de porc, oreilles, queue, bouts de bœuf secs, saucisses trop sèches… Ce joyeux fourre-tout, ils le jetaient dans la marmite avec des haricots et laissaient cuire ça des heures.
Mais attention, cette version populaire n’est pas tranchée dans le marbre. Certains historiens affirment que la feijoada prend racine dans les ragoûts portugais, genre le cozido. En gros, c’est un peu comme dire que le couscous a des origines berbères ou arabes… c’est flou, mais on s’en fout si c’est bon, non ?
Aujourd’hui, ce plat est sacré au Brésil. On le sert le plus souvent le samedi dans les restos ou en famille. C’est la comfort food du week-end où on prend le temps. Et entre deux grosses bouchées, on vide un verre de cachaça ou une bière bien fraîche. La belle vie.
Les ingrédients d’une feijoada digne de ce nom
Alors là, accroche-toi. Si t’aimes les plats avec deux ingrédients, t’es pas au bon endroit. Par contre si tu veux du goût, des textures, du fondant, du fumé et du peps, tu vas te régaler. Voilà ce qu’on peut retrouver dans une feijoada complète :
- Haricots noirs (indispensables)
- Viandes salées et fumées : saucisse portugaise (linguiça), viande de porc salée (lard, palette, jarret), viande de bœuf séchée (carne seca)
- Pieds de porc, queue, oreilles (si t’es team old school)
- Feuilles de laurier, ail, oignon, poivre noir, un doigt de piment ou un zeste d’orange amère
Et les accompagnements qui vont bien :
- Riz blanc
- Farofa (semoule de manioc grillée à sec ou parfois à la graisse de porc)
- Chou frisé sauté à l’ail
- Tranches d’orange fraîche
- Sauce piment maison (faites péter les papilles)
Comment on prépare une feijoada à la maison (version simplifiée mais canon)
Allez, c’est pas parce qu’on n’a pas la cuisine d’un bistrot brésilien qu’on peut pas se faire une feijoada maison qui déboîte. Voici une version simplifiée, histoire de se faire plaisir sans chasser le cochon noir dans la pampa.
Temps de préparation : 20 min
Cuisson : 2h30 à 3h
Ingrédients pour 6 personnes :
- 500 g de haricots noirs secs (trempés la veille)
- 400 g de saucisses fumées type Montbéliard ou Morteau
- 300 g de lard salé
- 300 g de palettes ou jarret de porc désossé
- 2 oignons émincés
- 6 gousses d’ail hachées
- 2 feuilles de laurier
- Sel, poivre noir
Optionnel mais délicieux :
- Un peu de viande de bœuf type paleron pour varier
- Un zeste d’orange ou quelques gouttes de jus pour équilibrer
Préparation :
- Fais revenir les viandes dans une grande cocotte avec un peu d’huile jusqu’à ce que ça colore bien. Mets de côté.
- Dans le gras, fais revenir oignons et ail. Ajoute les haricots égouttés, les viandes, recouvre d’eau à hauteur, ajoute le laurier, poivre, et laisse mijoter à feu doux pendant 2h30, voire 3h.
- Vérifie la cuisson des haricots, ajuste l’assaisonnement. Si c’est trop liquide, laisse réduire un peu à feu doux sans couvercle.
Et pendant que ça mijote tranquille, t’as le temps de faire :
- Le riz blanc basique à la créole
- Faire sauter du chou frisé émincé avec ail, sel et un filet d’huile
- Griller ta farofa à la poêle à sec ou avec un peu de beurre
- Couper des oranges en tranches bien juteuses
Et là mon pote, t’es prêt pour un aller simple pour Salvador ou Rio, sans quitter ta cuisine.
Quelques astuces de vieux briscard
Tu veux que ta feijoada reste gravée dans les mémoires ? Voici quelques tips de mec qui a déjà passé des heures à touiller des marmites :
- Laisse les haricots tremper une nuit, ça raccourcit la cuisson et c’est plus digeste
- Utilise plusieurs types de viandes pour varier les textures et goûts
- Garde quelques saucisses entières et coupe les autres : visuellement ça claque plus
- Un filet d’huile pimentée au moment de servir, et t’as un plat qui réveille
- Prépare-la la veille : réchauffée, elle est deux fois meilleure (comme la bolognaise, tu connais)
Où manger une vraie feijoada en France ?
Envie de goûter à la vraie sans sortir la cocotte ? Il y a quelques spots à Paris et dans les grosses villes où les Brésiliens font la fête le samedi autour d’une feijoada. Voici quelques adresses (à vérifier selon ta ville) :
- Le Boteco (Paris) – Ambiance roots, ragoût qui tient au foie, musique, tout y est
- Bocapi (Lyon) – Cantine brésilienne familiale avec plat du jour qui déboîte
- Samba Brasil (Marseille) – Feijoada tous les samedis, en mode buffet bien généreux
Sinon, guette les journées “feijoada” dans les assos brésiliennes ou même certaines églises catholiques latino… ils mettent les petits plats dans les grands, ambiance garantie, et tu bouffes comme un roi.
Et avec ça, on boit quoi ?
Un bon repas, ça se boit aussi. Et la feijoada appelle à écouler un peu de liquide. Voici les options :
- Caïpirinha – citron vert, cachaça, sucre. Claque ton palais et te prépare à bouffer
- La bière bien fraîche – Lager brésilienne type Brahma ou Skol ou même une Pils française, ça fait le job
- Un p’tit vin rouge léger – pourquoi pas, si t’es team jus de raisin ? Mais pas un truc trop tannique, hein
Un plat qui a du cœur… et du goût
La feijoada, c’est pas juste un plat. C’est une table pleine, une nappe tachée, des assiettes qui débordent, des rires, de la musique, du soleil (même les jours de pluie). C’est un plat de partage, de patience aussi. Il faut le laisser cuire, il faut l’attendre. Mais une fois sur table, tu comprends pourquoi t’as attendu si longtemps.
Alors ouais, ça change des burgers. Mais c’est le même esprit : pas de chichi, que du vrai, de la générosité et du goût qui te marque le palais comme un bon riff de guitare électrique. À essayer chez toi ou à déguster chez ceux qui ont grandi avec. Dans tous les cas, c’est un voyage, sans l’avion ni le passeport.
Bon app’ l’ami.